Île d’Ouessant

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Filles de la Pluie

Scènes de vie ouessantine d’André Savignon

Vers six heures du soir Herment partit flâner dans le bourg. Et il eut le plaisir d’entendre, de la bouche de Mme Noan, des compliments sur sa belle : Barba est très sage, approuvait-elle ; c’est connu, elle ne prend jamais qu’un amant à la fois.

Ouessant a de nombreux surnoms, dont celui d’île aux femmes. L’absence des hommes, pour la plupart embarqués dans la marine marchande ou dans la Royale en a fait une société. Ainsi, les traditions maritales étaient inversées ; c’était la femme qui demandait l’homme en mariage (qui était tout de même libre de refuser). A cela s’ajoutaient des mœurs que l’on pourrait qualifier de moderne. Le mariage était précédé d’une sorte de période d’essai pendant laquelle la future épouse venait vivre chez son promis, ou plus précisément chez sa mère, qui pourrait s’assurer qu’elle ferait une bonne épouse, autrement dit une bonne travailleuse. Après son séjour sur l’île, Savignon écrivit son roman sous forme de portraits de femmes sans oublier de décrire les curieux us et coutumes insulaires. Le livre gagna le prix Goncourt en 1912 mais fit scandale à Ouessant et en Bretagne, car l’auteur peignait les intéressées comme des femmes fortes et indépendantes, certes, mais aussi aimant les hommes sans s’y attacher de trop.